Surmonter le sentiment de honte
S’il y a un sentiment dont on ne parle pas, que l’on rejette même, c’est bien la honte. Nous avons honte d’avoir honte. Cependant, personne n’est immunisé contre la honte. Quand on est confronté à la honte, on entre en terre inhospitalière. Cette sensation incommodante nous pousse au retrait, nous rabaisse, nous éprouvons une envie de disparaître du regard des autres. La honte est ainsi un profond sentiment paralysant, affaiblissant. Elle altère avec animosité l’estime de soi, sabote notre relation au monde.
Pourquoi la honte est-elle destructrice ?
La honte souligne le fossé entre notre besoin de répondre aux standards et aux normalités formalisées par notre environnement et nos propres compétences, ressources et schémas de fonctionnement. Elle éclaire ainsi nos manques, nos zones d’ombre, les met en lumière, les affiche publiquement, rendant les autres témoins de nos déficiences... Cela renforce notre sensation d’humiliation, notre insuffisance. Nous nous sentons inadaptés, pas à la hauteur. Ce sentiment d’infériorité nous pousse dans nos retranchements. Le mécanisme de honte renforce en conséquence notre peur d’exclusion sociale. C’est d’ailleurs pour cette raison que la souffrance qui l’accompagne reste muette, refoulée, car nous craignons l’éviction, l’abandon. Elle peut amener à des comportements nocifs comme l’agressivité, la dépression, des comportements de soumission, d’addiction, etc.
Dans quel domaine de vie la honte s’exprime-t-elle ?
La honte s’immisce dans tous nos domaines de vie, n’en excluant aucun, pas même celui de la retraite. C’est une réalité à laquelle se confronte régulièrement Maud Lardeau, coach retraite certifiée à Saint-Siffret. « Un départ en retraite est généralement perçu par l’entourage comme un événement joyeux et attendu. Pourtant, cette transition d’une vie à une autre entraîne souvent des émotions déroutantes comme le doute, la perte de confiance en soi ou le sentiment d'isolement. L'aveu de ces sentiments troublés peut être difficile par peur d'être jugé. Notre société attend de ses retraités bonheur et satisfaction inconditionnels, rendant ainsi leur détresse intérieure d'autant plus pesante. » Pour Maud, la retraite marque une transition vers un nouveau rôle, une nouvelle identité, celle du « retraité ». Cette redéfinition de soi s'avère souvent étourdissante, laissant place au sentiment de ne pas trouver son chemin dans ce nouveau contexte. « Reconnaître et parler ouvertement de ces sentiments n'est pas un aveu de faiblesse mais le tout premier pas vers le rebond. Avec l’aide d’un psychologue quand le mal-être est profond et durable, ou bien avec un coach auprès de qui exprimer ces freins pour ensuite réussir à les desserrer. »
Comment dépasser cette sensation inconfortable
La première démarche sera de reconnaître la honte. Ce qui n’est pas une démarche aisée, car elle revêt de multiples facettes, et elle se cache malicieusement derrière certains comportements (comme par exemple le besoin de contrôle, la réussite à tout prix, mais aussi l’humour etc).
La seconde étape est d’identifier la cause de notre honte (une humiliation vécue dans l’enfance, un secret familial etc..). Cela permet de comprendre le ressentiment ainsi que les facteurs qui le déclenchent, nous pourrons alors mieux nous armer pour faire face.
La dernière étape est de prendre conscience des émotions qui accompagnent systématiquement l’émergence d’un sentiment honteux. Cela peut être une sensation de fureur, de dégoût, de détresse etc…
BOITE A OUTIL SOPHRO
Voici un exercice pour alléger les manifestations physiques qui se présentent lorsque nous sommes confrontés à la honte. Des ressentis comme le rougissement, la transpiration. Cet exercice peut se pratiquer assez discrètement afin d’être réalisé en public.
· Vous inspirez profondément par le nez.
· Vous retenez votre respiration en serrant fort vos poings et en imaginant évacuer toute sensation négative.
· Vous expirez lentement par la bouche en ouvrant vos mains.
· Recommencez deux autres fois.